Je n’ai plus les mots, ni la poésie, Cela résonne dans le vide de l’absurdité humaine. Voici à quoi ressemble la phase finale d’un génocide, Celle que nous avions lue autrefois, Dans nos livres d’histoire, …Et que nous avons manifestement oubliée, Les mémoires vives, Ainsi que nos professeurs, Nous ont permis de comprendre, De saisir à tout jamais, L’importance de chaque stèle commémorative, chaque monument, chaque nom de rue, chaque inscription en hommage aux morts ; À ceux qui ont vécu l’affliction brune…
Nous devons comprendre que la phase finale d’un génocide outrepasse le temps et échappe aux hiérarchies numériques que l’on impose à la mémoire. Cela pourrait durer longtemps encore, jusqu’au moment où la Palestine devra compter ses morts, avec l’aide de spécialistes et de journalistes du monde entier à qui l’on a refusé l’entrée.
Cela pourrait prendre des décennies de recherche, de travail historique et de témoignages, à l’instar de la Shoah, pour que l’on dispose d’un nombre que plus personne ne pourra relativiser ou instrumentaliser. Il confirmera ce que nous savions déjà aujourd’hui.
Si Charles de Gaulle et les résistants d’hier avaient eu besoin de chiffres et d’un bilan véridique pour confirmer l’horreur nazie avant d’agir, on aurait été dans le camp des « vaincus » et l’honneur de la France n’aurait pas pu être sauvé, bien qu’il fût déjà grandement entaché.
La France va à contre-courant de son histoire, parce qu’au-delà des impérialismes, de la colonisation, de la guerre, ou de la collaboration…
Nous avons été capables aussi du meilleur, de faire surgir du néant la lumière qui conjura l’obscurantisme de son époque, et cela s’est toujours fait par les gens, les plus ordinaires, et qui se fédèrent pour faire basculer le cours de l’histoire.
La résistance française ; de naissance ou de cœur.
Des personnes qui n’étaient pas officiellement françaises aimaient tellement la France, qu’elles n’ont pas réfléchi à deux fois pour se battre avec leurs camarades français, et se sacrifier avec eux, en frères et sœurs éternels.
Aux millions d’âmes qui ont péri à cause de quelques fous et de leurs sbires… Il est impardonnable que nous laissions cette abomination inhumaine sévir en Palestine. Alors que la France aurait pu jouer un rôle majeur en faisant les bons choix, elle est restée coite, et pire, complice face à la reproduction de l’histoire, par une partie des descendants de ceux qui l’ont subie.
Bien que nous ayons encore des leviers de pression, il est aujourd’hui bien trop tard, tant le mal qui a été fait est irrémédiable. Il va toucher chaque Palestinien dans sa chair jusqu’à la fin de sa vie…
Cela me brise le cœur à jamais.
Nous avons profané la mémoire de nos ancêtres, eux qui se sont sacrifiés pour que plus jamais cela ne se reproduise.
Pendant qu’à Tel-Aviv ils font des parades, la fête dans l’opulence et l’insouciance estivale, ils dansent sur les morts qu’ils provoquent avec jubilation, et personne ne l’oubliera.
L’espoir réside dans cette poignée d’Israéliens qui résistent, et je souhaite qu’elle grandisse.
Quelle est la raison de notre existence lorsque nous laissons cela se produire ?
Ce que nous laissons advenir en Palestine entrouvre la boîte de Pandore, et ce qui s’y échappe préfigurera la suite de notre histoire. Si nous ne faisons rien, notre avenir n’en sera que plus sombre.
Younis M.